Refléter les émotions vécues par l’enfant

Dans notre pratique auprès des familles, nous côtoyons beaucoup d’enfants qui présentent des difficultés dans la gestion de leurs émotions. On nous parle notamment d’opposition, de manque d’empathie, de recherche d’attention, etc. Une recommandation que nous faisons régulièrement aux parents est de s’entraîner à faire le reflet des émotions à l’enfant.

𝗤𝘂’𝗲𝘀𝘁-𝗰𝗲 𝗾𝘂𝗲 𝗹𝗲 𝗿𝗲𝗳𝗹𝗲𝘁 𝗱𝗲𝘀 𝗲́𝗺𝗼𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 ?
C’est tout simplement de nommer la ou les émotions que l’on croit que l’enfant vit, au moment où cela se passe. Ce n’est pas de demander à l’enfant comment il se sent, mais plutôt de démontrer à l’enfant que nous percevons l’émotion qu’il ressent et surtout, que nous la considérons et l’entendons !

𝗤𝘂𝗲𝗹𝘀 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝗹𝗲𝘀 𝗯𝗲́𝗻𝗲́𝗳𝗶𝗰𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗰𝗲𝘁𝘁𝗲 𝘀𝘁𝗿𝗮𝘁𝗲́𝗴𝗶𝗲 ?
- Aide l’enfant à reconnaitre ses propres émotions ;
- Aide l’enfant à associer un état du corps à une émotion ;
- Permet à l’enfant de se sentir compris et accepté par le parent ;
- Produit une connexion parent / enfant, malgré une tempête émotionnelle ;
- Fait en sorte que l’enfant n’a pas à convaincre son parent qu’il n’est pas bien ;
- Fait diminuer l’argumentation et diminue la réactivité ;
- Se centre sur le vécu émotif plutôt que sur le sujet de discorde ;
- Fait diminuer les mécanismes d’opposition de l’enfant et amorce une collaboration de la part de du jeune ;
- Permet à l’enfant de passer de l’émotivité à la rationalité ;
- Favorise le retour au calme et le développer l’empathie chez l’enfant ;
- Offre de l’attention adéquate à l’enfant ;
- Etc.

𝗖𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗹𝗲 𝗳𝗮𝗶𝗿𝗲 ?
Le reflet des émotions à l’enfant aura des impacts positifs seulement si les phrases lui sont formulées de façon bienveillante, dans le calme et l’ouverture. Le non-verbal, le ton et la posture sont des éléments importants : s’approcher de l’enfant, se mettre à sa hauteur, démontrer une posture de confiance en soi, adopter un ton de voix doux, etc.

Le reflet des émotions peut s’effectuer dans toutes les situations. Il ne nécessite aucun matériel. Il s’applique pour les enfants de tous âges. Lorsque maitrisée, cette technique est facile à mettre en place. Mais elle demande de modifier nos réflexes verbaux !

𝗩𝗼𝗶𝗰𝗶 𝗾𝘂𝗲𝗹𝗾𝘂𝗲𝘀 𝗲𝘅𝗲𝗺𝗽𝗹𝗲𝘀 :
Mia, quatre ans, ne veut pas aller prendre son bain.
Papa : « Mia, je sais que tu es déçue de devoir terminer ton jeu pour aller au bain ».

Zack, dix ans, refuse de faire ses devoirs.
Maman : « Je sais que tu as eu une grosse journée, que tu es fatigué et que tu voudrais faire autre chose. Je comprends que tu sois découragé (ou déçu). »

Léo, six ans, refuse de partager avec sa petite sœur.
Papa : « Léo, je comprends que tu veuilles garder tes jouets pour toi. Je sais que cela te rend en colère quand ta sœur veut prendre tes choses ».

Olivia, sept ans, fait une crise car elle veut aller jouer chez une amie et on lui refuse.
Maman : « Ma grande, je sais que ma décision te fâche. Tu es déçue n’est-ce pas ? Je sais que tu voulais y aller. »

Maëlie, huit ans, est très énervée lors d’une sortie.
Papa : « Maëlie, je sais que tu es très heureuse d’être ici et que toutes ces activités te donnent beaucoup d’énergie ».

William, cinq ans, dérange sa mère pendant qu’elle prépare le souper.
Maman : « Mon grand, je sais que tu as hâte que je m’occupe de toi. Tu es déçu que je ne puisse pas jouer avec toi immédiatement. Je sais que tu détestes devoir attendre ».

En reflétant les émotions à l’enfant, celui-ci se sent compris par l’adulte, donc beaucoup moins menacé. Il se sent reconnu dans son expérience émotionnelle. Il n’a plus besoin de convaincre son parent de quoi que ce soit. S’il ne se sent pas menacé, l’opposition risque de diminuer. Dans son cerveau, des connexions se font. Il apprend tranquillement la reconnaissance et la gestion de ses émotions. En s’attardant à ses émotions, on lui permet également de s’ouvrir à celles des autres (donc l’empathie).


Bien sûr, cette stratégie ne constitue pas un miracle, mais elle favorisera assurément une meilleure relation parent-enfant.

Pour plus de renseignement sur les stratégies d’interventions parentales gagnantes avec votre enfant, ne manquez pas l’atelier présenté chez Hippo-Action : « 𝘚𝘰𝘶𝘵𝘦𝘯𝘪𝘳 𝘭𝘦𝘴 𝘵𝘦𝘮𝘱𝘦̂𝘵𝘦𝘴 𝘦́𝘮𝘰𝘵𝘪𝘰𝘯𝘯𝘦𝘭𝘭𝘦𝘴 𝘥𝘦 𝘮𝘰𝘯 𝘦𝘯𝘧𝘢𝘯𝘵, 𝘵𝘰𝘶𝘵 𝘦𝘯 𝘴𝘰𝘭𝘪𝘥𝘪𝘧𝘪𝘢𝘯𝘵 𝘭𝘢 𝘳𝘦𝘭𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘭𝘶𝘪 », par Karine Lavoie-Turcotte, travailleuse sociale.



Lectures suggérées :
La discipline sans drame – calmer les crises et aider votre enfant à grandir, par Dr Daniel J. Siegel et Tina Payne Bryson. 2017. Édition Guy Saint-Jean.
À chaque jour ses prodiges – Être parent en pleine conscience, par Myla et Jon Kabat-Zinn. 2012. Éditions les Arènes.