L'ABC de l'écriture

L’utilisation du crayon pour pouvoir gribouiller, dessiner puis écrire est l’un des apprentissages importants que doit faire un enfant pour lui permettre de progresser dans l’ensemble de son parcours scolaire. Une fois adulte, l’écriture devient un geste automatique auquel nous n’avons plus à réfléchir. Il en est tout autrement pour l’enfant qui débute dans ses apprentissages. La demande en concentration et en énergie peut être énorme pour un enfant qui présente des difficultés d’écriture. Un enfant qui prend beaucoup de temps pour écrire, qui donne des réponses écrites très courtes dans ses travaux, qui se fatigue rapidement à l’écriture, qui pèse très fort sur son crayon, dont l’écriture est illisible ou qui a beaucoup plus de facilité lors des examens oraux qu’écris peuvent être des signes de difficultés de calligraphie.
Voici donc quelques outils pouvant favoriser le processus d’intégration de l’écriture chez votre enfant :

Avant tout, votre enfant devra développer un bon contrôle et une bonne stabilité de son tronc puis de son bras en entier. Ceci pourra lui permettre ultérieurement de développer une bonne posture assise nécessaire au développement des habilités de motricité plus fines. Pour ce faire, encouragez votre enfant à bouger au quotidien en l’amenant grimper ou se suspendre dans les modules de jeux extérieurs ou en lui proposant des parcours moteurs où il devra ramper dans la maison ou encouragez-le à participer à des activités sportives.

La position de votre enfant lors d’une tâche d’écriture est également importante à considérer. Assurez-vous que votre enfant est assis confortablement, que son dos est bien appuyé au dossier de sa chaise, que ses genoux forment un angle droit, que ses pieds sont bien en appui et que la table arrive environ à la hauteur de ses coudes. Pour aider au positionnement de votre enfant, vous pouvez installer des livres épais ou boîtes sous ses pieds s’ils ne touchent pas au sol ou rehausser le siège avec des coussins par exemple.

L’apprentissage de l’écriture passe ensuite par une bonne prise et mobilité du crayon. Pour ce faire, votre enfant devra développer de bonnes capacités de motricité fine, c’est-à-dire de mobilité et de contrôle des mouvements fins pour manipuler de petits objets tel que le crayon. L’enfant doit donc être en mesure d’avoir une force adéquate pour bien maintenir son crayon et il doit être en mesure à la fois de stabiliser son crayon avec certains doigts tout en faisant de petits mouvements isolés avec d’autres doigts pour mobiliser le crayon sur la feuille. Vous pouvez encourager le développement de la dextérité fine chez votre enfant en lui offrant plusieurs occasions de mettre en action ses doigts. Que ce soit de lui offrir différentes activités de coloriage sur différentes surfaces ou différentes positions (assis à la table sur une feuille, debout dans la fenêtre ou sur un tableau, couché au sol sur un carton…) et avec différents types de crayons (feutres, bois, cires, pinceaux, craies…). D’autres activités, sans impliquer directement le crayon, vont permettre à votre enfant de développer également la motricité fine nécessaire à l’écriture. On peut penser alors à une panoplie d’activités qui demandent la manipulation de petits objets tels que former de petites boules de pâte à modeler, jouer aux blocs lego, faire un collier de petites perles, mettre des sous dans une banque ou faire tourner dans sa main les pions d’un jeu de société par exemple. Il n’y a de limites que votre imagination!

Si l’on porte attention maintenant à la tenue du crayon, sachez que plusieurs prises du crayon peuvent être fonctionnelles, c’est-à-dire qui répondent aux critères de vitesse, lisibilité et d’endurance attendue lors des activités d’écriture. Avec l’âge, la prise du crayon de votre enfant évoluera tranquillement vers une prise plus mature. À l’âge préscolaire, commencez à observer certains critères qui pourront vous donner un indice sur la qualité de la prise du crayon chez votre enfant :
On vise d’abord à ce que ce soient les doigts qui fassent bouger le crayon et non le poignet ou le bras en entier. Le pouce peut être placé en appui sur le crayon ou se placer par-dessus les doigts. Dans un tel cas, il faut s’assurer qu’il ne nuira pas à la mobilité des autres doigts. Vous pouvez encourager votre enfant dans ces mouvements fins des doigts en lui demandant de colorier de très petites surfaces à la fois dans un cahier à colorier.
Ensuite, le poignet devrait être appuyé sur la table avec une légère extension. Vous pouvez ajuster l’angle de la feuille légèrement pour aider à atteindre cette extension.
Finalement, le crayon ne devrait être maintenu ni trop loin ni trop près de la mine. On peut viser entre ½ à ¾ de pouce entre la pointe du crayon et les doigts de l’enfant.

Quand vient le moment de commencer à tracer des lettres, discutez avec l’enseignant(e) de votre enfant pour savoir les stratégies d’enseignement qui sont utilisées en classe afin de pouvoir renforcer cet enseignement à la maison. Différentes méthodes d’enseignement sont possibles pour apprendre aux enfants le tracé des différentes lettres.
Un apprentissage qui passe par les différents sens de l’enfant permet d’intégrer les notions plus facilement. Ainsi, si vous associez une image, un son et un mouvement à un trait, l’enfant pourra plus facilement le retenir et l’utiliser (Par exemple pour tracer un l, nous faisons un trait de haut en bas comme une goutte d’eau qui tombe et qui fait ‘’Ploc!’’).
L’enfant devra d’abord être en mesure de retracer par-dessus les traits pour pouvoir ensuite imiter avec démonstration les traits, les copier selon un modèle et finalement les retracer de mémoire. Si vous constatez que votre enfant fait une erreur dans le tracé d’une lettre, corrigez-le immédiatement pour éviter qu’un patron inadéquat soir enregistré dans sa mémoire. Il sera plus difficile ensuite de le corriger. Offrez à votre enfant plusieurs occasions de tracer ses lettres en respectant le patron enseigné en classe. Par exemple, reproduire les lettres en grand sur un tableau, écrire dans le sable ou la neige avec une branche, dans la mousse ou la peinture avec son doigt, reproduire les lettres avec la pâte à modeler, lui demander d’écrire des mots lors d’un jeu de société, faire des mots-croisés, écrire des mots dans une bande-dessinée… Servez-vous du quotidien pour lui offrir plusieurs occasions ludiques d’écriture.

Différentes composantes de l’écriture peuvent également être à surveiller :
On peut penser au respect des trottoirs d’écriture. Si votre enfant présente de la difficulté à placer ses lettres correctement entre les lignes, vous pouvez l’aider en utilisant des repères visuels ou de la couleur sur les lignes, les interlignes ou en début de ligne.
Le respect de l’espacement est également un enjeu important pour s’assurer de la lisibilité du texte. Si votre enfant a tendance à trop coller ou pas assez ses lettres, vous pouvez l’encourager à mettre son doigt ou un point de couleur entre les mots, utiliser un papier quadrillé ou de faire un petit saut avec son crayon entre chaque lettre jusqu’à ce que l’espacement entre ses lettres soit bien maitrisé.
La vitesse d’écriture est également un aspect très important, surtout lorsque l’on souhaite prendre des notes ou compléter un travail à temps. En encourageant votre enfant à écrire fréquemment, en lui faisant recopier la même lettre à plusieurs reprises avec des couleurs différentes ou en lui faisant écrire à répétition un groupement de lettres fréquemment utilisé, il augmentera graduellement sa vitesse et sa performance.

En résumé, comme l’écriture est un outil essentiel que l’enfant utilisera tout au long de son parcours scolaire et bien au-delà, il est primordial de s’assurer que cet outil soit bien intégré. Ceci lui permettra de mettre son énergie sur tous les autres apprentissages auquel il doit faire face dans son parcours scolaire. Si vous constatez que votre enfant présente des difficultés de calligraphie et que vous avez besoin de conseils, n’hésitez pas à communiquer avec un ergothérapeute qui pourra vous conseiller!