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Égalité vs équité dans la fratrie!
2019-11-29

Égalité vs équité dans la fratrie!

« Oui, mais c’est pas juste ! »
Combien de parents entendent de façon régulière ce genre de phrase de la part de leur enfant ? Ce fameux sentiment d’injustice, présent parfois dans la fratrie, parfois en comparaison avec d’autres amis. Il y a ceux qui sont meilleurs, ceux qui ont plus de cadeaux, ceux qui sont plus chanceux, ceux qui n’ont pas de devoirs, ceux qui se font moins punir… Bref, en se comparant, l’enfant peut effectivement percevoir plusieurs éléments différents chez les autres. Derrière ce sentiment d’injustice se cache parfois une impression de rejet ou une perception de ne pas être traité comme il le devrait. L’enfant est centré sur lui-même et sur ses propres intérêts, ce qui est tout à fait normal. Certains enfants auront davantage tendance à se comparer aux autres, notamment ceux qui présentent un haut potentiel intellectuel.
Égalité versus équité
En tant que parent, vous vous dites sans doute qu’avec les enfants, il faut être juste. Et puis, rapidement, on se rend compte que puisque chaque enfant est différent, nous devons nous adapter et ne pas toujours être égaux. L’égalité renvoie au fait de donner de façon égale, donc la même chose, à tous. L’équité, pour sa part, permet de s’attarder aux spécificités de l’enfant pour offrir un résultat adapté à ses différents besoins. C’est ce qui explique pourquoi il est si difficile d’être égal dans nos interventions. Le parent prend conscience que ses enfants n’ont pas les mêmes défis, les mêmes forces, ni les mêmes besoins.
Facile à comprendre pour le parent, mais comment intervenir avec l’enfant qui se sent continuellement victime d’injustice ?
D’abord, il est bien d’expliquer aux enfants que le désir de tout parent est d’offrir les mêmes choses à tous ses enfants. Par contre, il faut aussi leur spécifier que cela n’est pas toujours possible, ni même souhaitable, dans toutes les situations. Il est préférable de fournir ce genre d’explication à l’enfant dans un moment où il est calme, à l’écoute et réceptif. Donc, on ne lui expliquera pas cela au moment où il crie à l’injustice.
Ensuite, comme cet enfant se sent lésé, pour l’aider à atténuer ce sentiment d’injustice, une bonne stratégie sera de reconnaitre son sentiment et de le valider. Le ton empathique et bienveillant sera également un atout dans votre discours, face à l’enfant. Voici quelques exemples :
Situation
Exemple qui n’aidera pas l’enfant à gérer ses émotions
Exemple qui aidera l’enfant à gérer ses émotions
Louis trouve injuste que son frère se couche plus tard que lui.
« C’est normal qu’il se couche plus tard, il est plus vieux que toi. »
« Je comprends que ça te dérange que Thomas se couche plus tard. Je sais qu'en ce moment, tu trouves cela injuste. Par contre, tu as besoin de plus d’heures de sommeil que lui ces temps-ci. »
Clara trouve injuste que sa sœur aille plus de biscuits qu’elle.
« Tu as juste à manger plus vite et tu auras autant de dessert qu’elle. »
« Je sais que ce n’est pas égal en ce moment et je comprends ta frustration. Par contre, il a été difficile pour toi de manger ton repas, parce que tu disais ne pas avoir faim. »
Mathis trouve injuste que sa sœur se fasse moins souvent chicaner que lui.
« Si tu écoutais plus, tu te ferais moins souvent chicaner. »

« Oui, mais ta sœur écoute les consignes, elle. »
« Je sais que c’est difficile pour toi de voir ta sœur qui se fait moins chicaner, contrairement à toi. Je sais que tu trouves ça injuste et que tu as l’impression que je suis toujours sur ton dos. Viens, on va en discuter ».
Zack trouve injuste d’être le seul à faire des devoirs et leçons, alors qu’il voudrait avoir plus de temps pour jouer, comme sa sœur.
« C’est comme ça en troisième année, il y a des devoirs, et pas en maternelle comme ta sœur. Plus tard, elle va en avoir. »
« Je te comprends tellement de trouver ça dommage ! C’est vrai que, pour le moment, ce n’est pas juste pour toi. Tu as le droit de vivre ce genre de sentiment par rapport aux devoirs. La charge de travail n’est pas la même en troisième année et en maternelle. »

Dans tous ces exemples, l’adulte démontre qu’il comprend l’enfant de vivre ces émotions. Il lui reflète de l’empathie, même si l’enfant est en tort ou que sa perception n’est pas exacte. Il démontre de l’ouverture et une bonne écoute.
Quand l’enfant ressent de l’injustice, il la ressent réellement. Donc tous les arguments que vous aurez pour le convaincre ou lui prouver qu’il n’a pas raison ne serviront à rien sur le coup. Plus tard, comme mentionné plus haut, lorsque l’émotion sera moins intense et que l’enfant sera dans un état pour discuter, vous pourrez l’amener à nuancer ses pensées. Par contre, sur le coup, vaut mieux lui démontrer de la compréhension. En se centrant sur la reconnaissance de ses émotions, l’enfant aura moins la possibilité d’argumenter et de réfuter vos propos.
Et puis, parfois, quand la situation s’y prête, pourquoi ne pas utiliser l’humour, sans humiliation, pour désamorcer ?
Exemple :
Maheva : « Haaa j’ai trop de responsabilités à faire. Ma sœur ne fait jamais rien, en plus. »
Maman : « Ha oui, t’as bien raison, ma puce, je t’en demande vraiment beaucoup. On pourrait se plaindre aux comités des droits des enfants. » (Tout cela avec humour, bienveillance et respect).
Sources de l’article :
Le concept de l’équité versus l’égalité : http://sgba-resource.ca/fr/
Le sentiment d’injustice est toujours mal vécu : https://www.la-croix.com/Famille/Parents-Enfants/Dossiers/Education-et-Valeurs/Donner-des-reperes/Le-sentiment-d-injustice-est-toujours-mal-vecu-_NP_-2006-11-21-517788
Livres :
Frère et sœur, coincés ensemble, aussi bien vous entendre. Édition Midi Trente
Les cahiers Filliozat : frère et sœur. Édition Nathan.

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